Il n’est plus possible de se réfugier derrière les prudences diplomatiques. La tentative de coup d’État au Bénin, et la cavale de son principal instigateur, ne relèvent pas d’un simple désordre interne. Elles posent une question politique frontale à toute l’Afrique de l’Ouest : jusqu’où tolérer l’illégalité au nom des solidarités idéologiques ?
Car ce qui frappe, au-delà des soupçons et des zones d’ombre, c’est l’absence de réaction collective. Des frontières fermées, des avions qui disparaissent des radars, des autorités qui se taisent. Ce silence n’est pas neutre. Il crée un espace. Et dans cet espace prospèrent les aventuriers politiques.
À force de coups d’État justifiés par la souveraineté ou la lutte contre l’ingérence étrangère, une nouvelle norme s’installe. Celle où la force prime sur le droit, où les putschistes trouvent refuge au-delà des frontières, et où les institutions régionales deviennent décoratives.
Le Bénin n’est pas un cas isolé. Il est un test. Un test pour les États côtiers, sommés de défendre seuls un ordre constitutionnel fragilisé. Un test pour les régimes sahéliens, qui devront répondre, tôt ou tard, de leur rapport à la déstabilisation de leurs voisins. Et un test pour l’idée même d’une communauté ouest-africaine fondée sur des règles partagées.
Il faut le dire clairement : protéger, héberger ou laisser circuler des auteurs de coups d’État n’est pas un acte de souveraineté. C’est une déclaration de défi envers la stabilité régionale. Et l’histoire récente montre que ce défi finit toujours par se retourner contre ceux qui le lancent.
L’Afrique de l’Ouest doit choisir. Soit elle accepte la banalisation du putsch comme mode d’accès au pouvoir. Soit elle assume le coût politique, diplomatique et sécuritaire de la défense de l’ordre constitutionnel